Rongeurs dans les élevages : quels sont les risques sanitaires ?
On sait que les rongeurs sont porteurs de nombreuses maladies. Ce que l’on sait moins, c’est que la lutte contre les rongeurs est particulièrement nécessaire dans les élevages pour préserver la santé des éleveurs comme celle des animaux d’élevage.
Un danger pour l’Homme et pour les animaux d’élevage
Les rats et les souris peuvent transmettre à l’Homme la leptospirose, la salmonellose, les hantavirus, la cryptosporidiose, la fièvre Q ou encore la teigne. La leptospirose et la salmonellose, qui sont les zoonoses les plus courantes auxquelles s’exposent les éleveurs, peuvent être mortelles dans certains cas. Elles ne sont pas bénignes non plus pour les animaux d’élevage : chez les bovins par exemple, « la leptospirose provoque diarrhée, fièvre et 2,7 % des cas d’avortement », indique Paul Périé, vétérinaire spécialisé en élevage de bovins et président de la commission épidémiologie de la SNGTV . Quant à la salmonellose, « elle peut créer des lésions au niveau de l’intestin chez les poussins », remarque Arnaud Ballot, vétérinaire spécialisé dans les élevages de volailles chez MC VET Conseil.
Selon une étude publiée en 2020, les agriculteurs et les éleveurs sont les professionnels les plus exposés au risque de contamination à la leptospirose.
Les rongeurs déposent des bactéries un peu partout
Pour bien comprendre les risques de contamination, il faut savoir que les rongeurs transmettent généralement les maladies par leur urine et par leurs excréments. Mais pas seulement. Dans le cas de la salmonellose par exemple, la maladie peut se transmettre également par le pelage et les pattes du rat qui vont contaminer les sols, la paille, la nourriture et l’eau. Si un éleveur marche dans une flaque d’eau contaminée avec ses bottes, il peut faire entrer des bactéries dans la ferme. Si une vache contaminée urine sur les mains d’un trayeur, elle peut infecter l’éleveur. C’est pourquoi, les vétérinaires recommandent aux éleveurs de surveiller la présence de rongeurs à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments d’élevage. « La lutte contre les rongeurs doit concerner l’ensemble de l’exploitation », insiste Vincent Turblin, vétérinaire spécialisé en élevages de volailles et président de MC VET Conseil. Autrement dit, tout ce qui est stocké à l’extérieur du bâtiment et qui doit entrer dans le bâtiment (la paille, le petit matériel) doit être protégé. C’est d’autant plus important que « les rongeurs sont le vecteur principal de contamination à la salmonellose », précise Arnaud Ballot.
La salmonelle et le leptospire sont des bactéries qui peuvent survivre pendant plusieurs mois dans l’eau.
Dératiser, une question de biosécurité
Aujourd’hui, la réglementation impose aux éleveurs un ensemble de mesures préventives et réglementaires qui visent à réduire les risques de diffusion et de transmission de maladies infectieuses chez l’Homme, l’animal et le végétal. C’est ce qu’on appelle la biosécurité.
Il faut savoir que la dératisation est un des piliers majeurs de la biodiversité. Celle-ci impose aux éleveurs (ou à leurs sous-traitants) de respecter plusieurs règles. Ils doivent à la fois empêcher les rongeurs d’entrer dans les fermes, repérer les zones à risque sur l’ensemble de l’exploitation, tracer les passages des rongeurs, mettre en place des appâts et les contrôler très régulièrement. Pour s’assurer de la bonne mise en œuvre de ces règles, les éleveurs doivent avoir au sein de leur exploitation un « référent biosécurité ». Ce référent est formé par un vétérinaire spécialisé qui l’aide à mettre en place un plan de biosécurité sur l’exploitation. C’est obligatoire pour les élevages de volailles et de porcs, et ça va le devenir bientôt pour les élevages de bovins.